En inventant “l’extérieur”, les hommes ont condamné le sens des valeurs. Et pourtant, les textes sacrés leur avaient conseillé de ne pas créer de formes extérieures pour les adorer…Tout le monde a cru qu’il s’agissait de représentations figuratives et ils ont inventé des tabous qui leur ont donné l’illusion de régler définitivement le problème…
Le “péché” de l’extériorisation
Dans le Judaïsme, la représentation du corps et du divin sous des formes anthropomorphiques pose problème, cela n’empêche pas les juifs croyants d’être habités par la représentation intérieure d’un Dieu vengeur. Dans la partie la plus totalitaire de l’Islam, le tabou de la représentation du visage n’empêche pas de tuer son semblable biologique lorsqu’il n’accepte pas d’être son miroir religieux.
L’imaginaire humain semble avoir pour habitude d’extérioriser le divin. Cela a des conséquences à la fois spirituelles et biologiques. Un cours d’eau qui se coupe de sa source ne peut que se dessécher et mourir. Un paradis invisible coupé de la vie est destiné à devenir une mer morte. Ni le Paradis ni l’Enfer n’existent hors du cours naturel de la vie…
C’est ici et maintenant qu’à chaque instant nous choisissons de pousser l’une ou l’autre de ces portes…Chaque conflit nous conduit en enfer et toute réconciliation en Paradis…La guerre est infernale et la Paix paradisiaque, c’est une évidence…Ce n’est pas le destin qui fait son choix entre ces deux destinations, ce sont les humains…Et certains d’entre eux osent nier l’existence du Divin en prétextant que si un Dieu existait vraiment, il ne saurait tolérer ni la misère, ni la souffrance ,ni les guerres…Le Diable se mord vraiment la queue…
La cause de toute la misère du monde
Toute la misère du monde, toute sa violence n’a qu’une seule cause, ce rejet à l’extérieur des responsabilités essentielles dont les hommes eux-mêmes sont les victimes consentantes. Tous les tabous et tous les dogmes ont été élaborés dans la perspective de l’Autre, c’est à dire de l’extérieur. Comme si les lois devaient être dictées par un pouvoir venu du dehors. Le terme même “d’imposer” qui s’applique aux lois est explicite…la première syllabe du mot indique clairement le sens dans lequel la loi s’applique : du dehors vers le dedans.
Les cultures anciennes, considérées comme “païennes” possédaient toutes un regard inverse. Lorsque l’animisme était encore la religion naturelle dominante de petits groupes humains appelés “tribus”tout le manifesté était considéré comme sacré. Tout avait une âme et devait être de ce fait respecté en tant que manifestation sacrée. Certaines cultures continuent à faire subsister cette vision du monde qui pour elles préserve l’harmonie d’un univers où tout est divin. Les Amérindiens appellent cela “Marcher dans la Beauté”.
Tout est sacré
La violence des dogmes judéo-chrétiens nous a poussé à ignorer que nos propres textes sacrés sont censés nous enseigner que le sol sur lequel nous marchons est sacré, que le royaume de Dieu ne peut être qu’en nous et que les tables de la loi sont gravées dans notre coeur depuis l’origine. Cette ignorance est la cause de tous nos problèmes et c’est elle qui est la seule source de la crise des valeurs qui ronge aujourd’hui nos société comme un cancer.
Si nos prétendues “valeurs” peuvent mourir c’est qu’elles sont “mortelles” parce qu’elles ont été coupées de leur source. Le respect se perd parce que trop peu de gens réalisent que respecter c’est en premier lieu “se respecter soi même”, que respecter le divin et s’incliner devant l’invisible a beaucoup moins de sens que de se prosterner avec respect devant l’autre parce qu’on reconnait qu’il est lui aussi l’émanation de la Source.
Notre monde est malade de son extériorisation, c’est la raison pour laquelle notre médecine est qualifiée d’”Allopathique”. On préfère poser un cataplasme sur une jambe de bois que de changer l’angle de notre regard. Certains ont intérêt à ce que nous ne réalisions pas notre erreur. Pourquoi? Pour la simple raison que déplacer le pouvoir à l’extérieur permet à certains de s’en emparer et de l’imposer aux autres.
C’est la raison pour laquelle les “gnostiques” ont toujours été considérés comme les ennemis de la religion voire même de la société. C’est ce qui a justifié leur extermination par tous les totalitarismes, qu’ils soient laïques ou religieux.
©Patrice Julien
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